4 avril 2016

Temps de lecture : 2 min

Les SDF et le droit de cité ?

Opération de street marketing ? Politique ubuesque de la ville ? Gag du premier avril ? Ou volonté d'interpeller les citoyens sur la cause des SDF ? Depuis quelques jours, Le Havre voit ses rues habillées d'étranges signalétiques...

Opération de street marketing ? Politique ubuesque de la ville ? Gag du premier avril ? Ou volonté d’interpeller les citoyens sur la cause des SDF ?  Depuis quelques jours, Le Havre voit ses rues habillées d’étranges signalétiques…

Depuis le 31 mars et pendant 15 jours, une signalétique un peu curieuse baptisée « Signal-Ethique » a fait son apparition dans les rues de la ville de Le Havre. Le projet ? L’installation de zone de couchage, de mendicité et de rétention à plusieurs endroits de la cité portuaire. Oui oui, vous avez bien lu. Mais inutile de monter dans les tours, car derrière ce dispositif engagé, se cache une volonté d’ouvrir le débat comme son instigateur Jérôme Boyer, membre de la compagnie de spectacle vivant et des arts visuels, Le Temps Qui Sèche, s’en explique : « Nous avons toujours eu la volonté de questionner l’espace public, la ville, ses habitants… et de rapprocher les gens sur des thématiques humaines, notamment la précarité. Signal-Ethique est pour nous un moyen de poser un regard tout court sur ce qui se passe dans notre ville et de regarder à la loupe une forme d’exclusion ».

Impossible en effet de passer à côté de ces rectangles jaunes plus vrais que nature et imaginez la scène : un SDF réduit à quelques mètres carrés, condamné à « évoluer » dans une zone réservée. Un questionnement légitime sur la place de l’individu à l’heure où le mobilier urbain est de moins en moins accueillant pour ces personnes (étroitesse des bancs, cloutage des rebords…), rajoutant à l’exclusion et fragilisant un peu plus.

Soutenu par Sandrine Dunoyer, adjointe au maire, chargée de la culture, la ville a participé financièrement à hauteur de 8 000 euros. Jérôme Boyer n’a pas manqué de mettre en scène le lancement de son opération pour apostropher jusqu’au bout le grand public : « Pour coller encore plus à la réalité et interpeller les passants, lors de  l’inauguration, nous avons créé LTQS, une fausse entreprise spécialisée dans la signalétique et avons sollicité des comédiens pour jouer d’un côté son faux directeur commercial et de l’autre des SDF ». Une chose est sûre, les locaux n’ont pas manqué de réagir notamment sur les réseaux sociaux, entre incompréhension, discours extrémistes et empathie. La suite ? « Nous allons archiver tous les messages reçus et organiser une table ronde avec les élus, les étudiants et les citoyens pour discuter de ce projet et échanger », annonce Jérôme Boyer. Les débats devraient être passionnés…

Photo de Une : Jean-Loup Chastres

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