6 avril 2018

Temps de lecture : 2 min

Pourquoi le langage scientifique de la communication est-il hermétique ?

Avez-vous déjà lu Weiner discourir sur la cybernétique ou Shannon gloser sur l’entropie de la communication ? Si leur langage vous semble d’un autre monde, sachez que le style est le même aujourd’hui. Les écoles et chercheurs en SIC ont conservé cette propension pour les discours arides. Mais pourquoi tant d’écart avec les professionnels de la com plus adeptes des anglicismes que des concepts intellectuels ?

Avez-vous déjà lu Weiner discourir sur la cybernétique ou Shannon gloser sur l’entropie de la communication ? Si leur langage vous semble d’un autre monde, sachez que le style est le même aujourd’hui. Les écoles et chercheurs en SIC ont conservé cette propension pour les discours arides. Mais pourquoi tant d’écart avec les professionnels de la com’ plus adeptes des anglicismes que des concepts intellectuels ?

Réflexivité, performativité, trivialité, idiosyncrasie, mediagénie, écranicité… Voici quelques notions bien abstraites que les étudiants côtoient dans les hautes écoles de Sciences de l’Information et de la Communication (SIC). Si ces mots vous confèrent instantanément une aura intellectuelle -ou prétentieuse, selon le contexte-, ils témoignent surtout du caractère ésotérique et peu accessible de la communication « scientifique ». Si vous vous essayez à de la science info-com pure et donc non vulgarisée, il y a des chances que vous soyez largués à chaque page. Parfois trop mathématique, souvent très théorique et difficilement applicable à des exemples concrets. Et cette aridité rendent les SIC hermétiques même à ceux qui pétrissent la communication de tous les jours. Et oui, peu probable d’entendre un communicant parler des caractéristiques « infra-ordinaires » d’une publicité, ou des conditions « médiagéniques » d’un format publicitaire. C’est sûrement mieux ainsi.

Le penser et la conservation d’un discours complexe et acrimonieux vs le faire et un emploi abusif de l’anglais

Mais pourquoi les sciences de la communication adoptent un langage si complexe ? A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les pionniers en SIC, de formation scientifique pour leur immense majorité, ont appliqué leur langage mathématique au champ de la communication. Une manière de la rationaliser, de l’encapsuler dans une conception logique afin d’éviter les heures sombres de l’histoire. De cette empreinte scientifique sont nées la cybernétique avec Norbert Wiener, la théorie de l’information avec Claude Shannon puis l’intermédialité avec Marshall Mac Luhan. Et ce sont ces travaux qui ont constitué le socle épistémologique majeur de l’infocom. Scellant définitivement la « mathématisation » de la discipline et l’usage d’un langage hermétique.

On peut le constater plus d’un demi-siècle après ! Les laboratoires de recherche et les écoles qui enseignent les SIC entretiennent un discours parfois très sophistiqué. Qu’on soit au CELSA, à Sciences Po ou à Paris-Dauphine, les mots employés témoignent d’une certaine distance entre la communication issue des sphères intellectuelles et celle employée par le milieu professionnel. Alors que la première se tourne vers le penser et la conservation d’un discours complexe et acrimonieux, l’autre braque le gouvernail vers le faire et un emploi probablement abusif de l’anglais. Mais quel est l’intérêt d’une telle disparité lexicale entre deux écosystèmes nourris de la même sève ?

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