4 avril 2018

Temps de lecture : 2 min

La playlist : le cheval de Troie pour informer en divertissant

L’idée est tout bête : mettre en musique des articles censurés pour qu’ils soient diffusés sur les plateformes de streaming. Simple et efficace…

L’idée est tout bête : mettre en musique des articles censurés pour qu’ils soient diffusés sur les plateformes de streaming. Simple et efficace…

Cette jolie fable pourrait s’intituler « Le journaliste et le censeur » et se terminer par ces quelques vers : « Vous écriviez ? J’en suis fort aise. Et bien, chantez maintenant… ». Les journalistes ont de plus en plus de difficulté à travailler dans des conditions acceptables de nos jours. Entre les accusations de « fake news » lancées ici ou là et tout particulièrement à Washington, les impératifs économiques qui limitent le travail d’investigation des reporters et les contraintes de temps toujours plus fortes des médias en ligne, couvrir l’actualité et préparer des enquêtes sensibles relèvent aujourd’hui de la gageure. Le travail des professionnels de l’information est encore plus compliqué dans les pays en guerre et dans les dictatures.

Depuis le début du mois de janvier, douze journalistes et un fixeur ont été tués, selon le macabre décompte de l’association Reporters sans frontières. 306 journalistes et quinze collaborateurs sont également emprisonnés à ce jour. Ces chiffres, aussi inquiétants soient-ils, ne sont pourtant pas catastrophiques. En 2017, 65 reporters sont morts dans le monde, or ce triste score était le plus bas enregistré depuis 14 ans. « Vingt-six d’entre eux ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, victimes collatérales d’un contexte meurtrier (bombardement, attentat…) », énumère RSF «  Trente-neuf autres ont été assassinés, sciemment visés, au motif que leurs enquêtes dérangeaient les intérêts de telles ou telles autorités politiques, économiques ou groupes mafieux ». Si les décès sont en net recul, la censure continue, elle, de s’accroître. Journaux fermés en Turquie, comptes mails et chats sur les réseaux sociaux bloqués en Chine, intimidations diverses et variées au Moyen-Orient ou en Asie centrale… Les dictatures et les régimes non démocratiques ne rechignent devant rien pour museler la libre parole… DDB Berlin vient toutefois de trouver une faille béante dans l’armure des oppresseurs de la planète.

Des chansons pour informer coûte que coûte 

Pour célébrer de belle manière la Journée Mondiale contre la cyber-censure, le 15 mars dernier, l’agence a travaillé avec le studio de production digitale MediaMonks et le compositeur Lucas Mayer pour transformer dix articles censurés dans leur pays d’origine en… chansons qui sont aujourd’hui disponibles sur les principales plateformes musicales sur la Toile telles Spotify, Apple Music et Deezer, sous le hashtag #truthfindsaway que l’on pourrait traduire par “ la vérité se fraie un chemin ”. Les articles “ chantés ” ont été écrits par cinq journalistes : le reporter chinois exilé Chang Ping, l’Egyptien Basma Abdel Aziz, l’Ouzbek Galima Bukharbaeva, le blogger vietnamien Ngưoi Buon Gio et par des membres du réseau thaïlandais pour le journalisme libre Prachatai.

Cette playlist, baptisée  « The Uncensored Playlist » «  montre aux oppresseurs du monde entier qu’ils ne peuvent pas museler la liberté et l’information », juge Bianca Dordea, la directrice générale de DDB Berlin « Plutôt que de lancer une campagne de financement ou de sensibilisation, nous sommes heureux d’avoir trouver une solution originale qui consiste à utiliser la musique comme une sorte de cheval de Troie afin de permettre à des articles censurés d’être diffusés sur l’ensemble de la planète… » Simple et efficace… pour donner le « La » du droit à l’information.

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