1 avril 2020

Temps de lecture : 2 min

C’est compliqué pour un homme de se dire : « je ne suis pas un homme, je suis une personne »

Jean-Claude Kaufmann est sociologue, spécialiste du couple et des rapports hommes-femmes. Il a publié de nombreux ouvrages dont, plus récemment : « Saint- Valentin, mon amour », « L’amour qu’elle n’attendait plus » et « La fin de la démocratie, apogée et déclin d’une civilisation ». Interview.

Jean-Claude Kaufmann est sociologue, spécialiste du couple et des rapports hommes-femmes. Il a publié de nombreux ouvrages dont, plus récemment : « Saint- Valentin, mon amour », « L’amour qu’elle n’attendait plus » et « La fin de la démocratie, apogée et déclin d’une civilisation ». Interview.

Amaury Media : vous observez le couple hommes-femmes depuis plusieurs décennies. Comment le rôle des hommes a-t-il évolué ?

Jean-Claude Kaufmann : nous vivons aujourd’hui une mutation anthropologique très profonde, nous allons vers une nouvelle société. Autrefois, il y avait des cadres sociaux et moraux qui définissaient les hommes et les femmes et leur affectaient des rôles bien précis : la femme devait être attachée principalement au foyer, s’occuper des enfants et du mari. L’homme décidait, il était le porteur de l’autorité, travaillait et ramenait de l’argent. Les choses ont changé. Aujourd’hui papa est plus à l’écoute. Il devient un peu le copain, presque le deuxième ou troisième enfant de la famille. C‘est un code de la masculinité très étonnant. On est à l’inverse des stéréotypes, même s’il a encore des pouvoirs personnels – sur la zapette par exemple -, maman est devenue le chef de famille, je dirais même le chef d‘entreprise dans la famille.

En fait, les individus ne veulent plus de cet ancien monde, ils désirent être eux-mêmes, c’est-à-dire « une personne », avant d’être un homme ou une femme. Du coup les codes explosent. Chacun a envie d’aller vers cette nouvelle société, mais en même temps on n’y est pas encore totalement car il reste toujours des codes féminins et masculins qui rassurent certains. Les anciens rôles mettent du temps à disparaître et certains hommes sont déstabilisés de voir les repères habituels de la masculinité remis en cause. On est encore dans un entre-deux. Du coup, on a du mal à suivre car chacun invente de nouvelles valeurs et crée sa vie à son idée.

A.M. : alors comment les annonceurs doivent-ils parler désormais aux hommes ?

J-C.K. : il ne faut pas parler aux hommes mais à une séquence d’un homme. Si on veut s’adresser à tous en même temps avec un message universel, on ne va pas du tout y arriver. Il faut à chaque fois comprendre la situation autour du message, du produit, de l’endroit et du contexte. Et trouver le message qui va frapper fort. Parce que c’est possible, dans certaines situations, de parler fort, soit en utilisant le langage dominant, soit très subtilement, avec légèreté et humour, sans tomber sur les anciens stéréotypes. On doit trouver le petit repère qui rassure dans le cadre de cette nouvelle masculinité en train de se réinventer. C’est compliqué pour un homme de se dire : « je ne suis pas un homme, je suis une personne ».

En images

Dans le cadre de l’étude « Codes et Langages du Masculin » d’Amaury Media, le sociologue Jean-Claude Kaufmann nous livre quelques clés de compréhension du comportement masculin.

1 – Un bouleversement sociologique majeur

2 – Les rôles de l’homme dans la sphère privée

3 – Comment parler aux hommes ?

Télécharger le digest de l’étude, par ici !
 

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