16 avril 2020

Temps de lecture : 3 min

Covid-19 : Création de valeur ou destruction des valeurs ?

Dans ce texte, Richard Strul, président de RESONEO, espère, arguments à l'appui, que nous tirerons des leçons de cette crise dont certains vont sortir encore plus appauvris et que nous comprendrons que l'être vaut mieux que l'avoir...

Dans ce texte, Richard Strul, président de RESONEO, espère, arguments à l’appui, que nous tirerons des leçons de cette crise dont certains vont sortir encore plus appauvris et que nous comprendrons que l’être vaut mieux que l’avoir…

Demandez à un élève d’école de commerce ce qu’est la création de valeur. Il vous parlera d’actionnaires, de start up, de business plan… Il ne lui viendra pas à l’idée que l’on puisse parler d’autre chose que de valeur économique.

Dans notre monde occidental, cela fait longtemps que nous ne formons plus nos enfants à créer des valeurs mais DE LA valeur. Il aura fallu la crise climatique, Greta Thunberg et l’évolution des dernières années pour révéler notre schizophrénie collective entre croissance et préservation des ressources et de la vie. Pas étonnant dès lors que se multiplient en ces temps de pandémie des discours malthusiens tels que : « de toutes manières les vieux, ils seraient morts… », « si l’économie freine trop longtemps, ça fait des morts aussi… », « il vaut mieux sacrifier des faibles et des malades et redémarrer l’économie… ».

Ce genre de sentences ne nous surprennent plus quand elles émanent du zinzin peroxydé qui dirige « America First » mais quelques patrons d’industrie ont lâché des phrases similaires. Cyniquement, ils ne font que souligner une idéologie dominante que nous avons construite collectivement.

Destruction de millions d’emplois

L’argument peut être soutenu. Dans l’économie mondialisée que nous « habitons » la crise actuelle est génératrice d’effets domino dévastateurs, économiques et humains. On parle déjà aux USA de la destruction de millions d’emplois. Nous avons construit ça et dans sa globalité la civilisation humaine en a profité. Les niveaux de pauvreté et de mortalité depuis 500 ans ont reflué, les famines se sont raréfiées, le niveau de vie s’est amélioré pour beaucoup de populations. Mais pas pour tous.

La condition d’un humain moyen, elle, s’est dégradée

Dans « Sapiens », Harari rappelle une étape intéressante de l’évolution humaine : l’avènement de l’agriculture. L’agriculture a permis à l’espèce humaine de nourrir des groupements plus importants d’individus, de créer des villes – qui ont d’ailleurs généré les premières épidémies en rapprochant de grosses populations humaines et des animaux d’élevage. Ce faisant, l’espèce humaine a pu croitre, et pour Darwin, c’est une réussite ; en revanche la condition d’un humain moyen, elle, s’est dégradée. De promeneur cueilleur, le voilà du jour au lendemain condamné à trimer pour se nourrir, et très rapidement, des l’antiquité, à nourrir surtout les autres !

Aujourd’hui, il suffit d’ouvrir les yeux et un média pour voir que les gens qui exercent des métiers non marchands, qui ne produisent pas directement de valeur, évoluent dans une sorte de servage moderne, peu payés et peu considérés. S’occuper des personnes âgées ne vaut rien, soigner les malades ne vaut que si on arrive à être rentable ! Il faut créer de l’argent. La crise du Covid-19 braque les projecteurs sur la difficulté extrême qu’il peut y avoir à sortir de ce système et sur ses fragilités. Que sommes-nous sans Amazon Prime et sans la profusion de biens à laquelle nous sommes accoutumés ? On nous a tellement habitué à l’idée qu’avoir c’est mieux qu’être que nous avons perdu le sens du vital.

Avec l’avènement d’Internet, du e-commerce, du mobile, nous avons oublié que nous ne maîtrisions pas tout sur cette terre. Bien sur le réchauffement climatique nous rappelle a l’ordre ces derniers temps, mais nous nous en occuperons plus tard… nous sommes guidés par la satisfaction immédiate. Cette crise ne nous laisse pas le choix. Elle rapproche l’horizon et nous fait prendre conscience des fonctions et valeurs vitales dans la société humaine, à part « faire du fric ».

Espérons que nous ne les oublierons pas quand nous aurons trouvé un vaccin…

Mais est-ce que vous pouvez imaginer le Covid-19 il y a 25 ans, avant Internet ? Quel isolement aurait été celui des confinés, des familles morcelées, sans mails, sans réseaux et sans apéros Skype ? Comment aurait-on mis en place le télétravail à grande échelle sans le digital ? Sans compter la faculté donnée par les jeux et la vidéo en ligne d’occuper un peu les enfants cloitrés pendant que papa ou maman travaille (à utiliser avec modération). Sans la dématérialisation, le télétravail et le digital, l’impact économique ET humain d’une pandémie aurait été bien pire, vraisemblablement. En ce sens nos entreprises du digital ont une vraie responsabilité. Face à ceux qui sont mobilisés sur le terrain pour que nos vies quotidiennes tournent rond, nous devons faire le maximum pour faciliter la leur.

Cette crise laissera derrière elle des usages dont elle aura précipité le développement. Il faudra trier bien sûr mais nous devrions pouvoir faire en sorte qu’ils produisent de la valeur pour tous, pas uniquement pour des actionnaires…

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