24 avril 2013

Temps de lecture : 2 min

Ces artistes qu’on remplace par des robots

Polémique sur le salaire des acteurs français, crise du disque, désertion des théâtres… tous les débats qui agitent le monde artistico-culturel pourraient être supplantés par un phénomène plus menaçant : l’avènement de robots créateurs.

Le thème des robots a toujours fasciné la littérature (l’invention du mot est d’ailleurs issue du texte R.U.R. de l’écrivain tchèque Karel Čapek), le cinéma (depuis Metropolis en 1927) et même la musique (voir le look déshumanisé des Daft Punk). Aujourd’hui des logiciels, intelligences artificielles et autres androïds parviennent à s’émanciper de leur simple position de sujet d’étude pour devenir eux-mêmes créateurs d’œuvres originales. Ils dessinent, écrivent des textes de manière autonome et jouent même la comédie sur scène. Concurrence frontale avec les artistes humains ? Pas encore, car le trait créatif doit encore être encadré, corrigé, ou validé ou par des êtres de chair. Mais les progrès sont rapides et les -ismes de l’histoire de l’art compteront bientôt un nouveau mouvement : le robot-isme.

Germinoid F., androïd et actrice de théâtre

La scène du Japan Society de New York a récemment accueilli des robots venus donner la réplique à des comédiens humains. Le dramaturge japonais Oriza Hirata y a présenté deux pièces consacrées à des thèmes futuristes : « I Worker », qui met en scène un robot domestique voulant s’émanciper de sa condition, et « Sayonara », dont le rôle principal est tenu par Germinoid F., un androïd qui ressemble à s’y méprendre à un être humain. Un ingénieur en robotique a fait office de directeur de casting pour mettre au point des machines adaptées aux personnages. Ses robots s’intègrent parfaitement à la dramaturgie, pour une expérience fascinante. « La différence entre hommes et robots n’a plus raison d’être au théâtre, estime Oriza Hirata. Les robots ne pensent pas. Pas plus que les acteurs ». Ils pourraient donc bientôt ne plus se cantonner à des rôles de robots et incarner de vrais humains.

Cleverbot, logiciel, co-auteur d’un scénario

Cleverbot est un logiciel d’intelligence artificielle bavard : on lui pose une question, il répond. Il est d’ailleurs le premier à avoir passé le test de Turing, qui vise à démasquer les robots dans une conversation. Le réalisateur américain Charles R. Wilson y a donc vu un partenaire potentiel pour écrire son nouveau film. Première question posée à l’apprenti scénariste : « quel titre souhaites-tu donner à notre film ? ». Cleverbot répond un peu à côté de la plaque : « Do you love me ? ». La suite du dialogue est tout aussi absurde. Mais C.R. Wilson en conserve chaque ligne et les met en images, fidèlement, en respectant chaque réponse du logiciel. Le résultat : un court-métrage de 3 minutes qui navigue entre dialogues saugrenus et intrigue invraisemblable. Un film surréaliste que ne renierait pas David Lynch.

Paul, robot, portraitiste

L’art du portrait à la française compte un nouveau nom. Né en juin 2011, Paul est un robot autonome. Simplement composé d’une caméra, qui fait office d’œil pour analyser le visage de son modèle, et d’un bras en métal qui s’empare d’un stylo BIC, Paul dessine des portraits fidèles. Chaque séance dure 20 minutes, et la ressemblance est toujours convaincante. Son créateur, l’ingénieur français Patrick Tresset, n’a jamais su choisir entre la science et l’art. Depuis 15 ans il combine les deux en développant des robots capables d’imaginer la réalité et de la reproduire. Oliver Deussen, professeur en informatique à l’université de Constance, est confiant sur la capacité de ces robots à s’approprier la création artistique « Les récents progrès en informatique permettent désormais de simuler la stratégie d’un artiste. On évolue vers des robots ayant leur propre style de dessin. »

Olivier Van Bockstael
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